Des maîtres et des élèves
En Aïkido traditionnel, le choix le plus important que doit faire le débutant est celui de son maître. C'est à dire la personne auprès de qui il va apprendre les bases et les fondements de son art. Ce choix est le plus important parce que toutes les erreurs ou mauvaises habitudes que le pratiquant reproduira plus tard, il les aura prises avec le maître en question. Et plus vous persisterez à apprendre votre art auprès d'un maître de piètre qualité, plus vous vous écarterez de la voie et aurez du mal à corriger vos erreurs. C'est une évidence doublée d'un lieu commun, mais si vous choisissez votre maître parce que son dojo est facile d'accès ou parce qu'il appartient à telle école ou fédération ou, encore, parce qu'il se prévaut de tel ou tel grade, vous faites fausse route. Vous jouez votre avenir en Aïkido au petit bonheur la chance.
Comment faire alors, me direz-vous? Le meilleur moyen de faire ce choix est en premier lieu de se référer à la filiation de transmission du maître (de qui est-il l'élève?) par rapport au fondateur Morihei Ueshiba. Cette chaîne de transmission doit être la plus claire et directe possible. Et si vous êtes un peu curieux et observateur, et si vous vous intéressez un tant soit peu à l'art que vous voulez pratiquer, vous vous rendrez très vite compte que le seul critère de sélection qui vaille est l'écart entre l'enseignement du fondateur et celui du maître choisi. Par exemple, si votre maître pratique l'Aïkido comme un sport et l'inonde de repères sportifs, alors que Ô Senseî a affirmé et démontré que l'Aïkido est l'inverse d'un sport, je vous invite à le fuir. Vous ne ferez jamais d'Aïkido avec lui.
L'enseignement traditionnel des arts martiaux est basée sur la transmission de maître à élève. C'est sur cette base que la société japonaise a produit les plus grands maîtres et élevé au rang d'art les pratiques les plus diverses. C'est aussi sur cette base que nos sociétés occidentales produisent des artistes et des artisans de renom marquant l'histoire. Parce que cette transmission de maître à élève est le meilleur moyen pour le pratiquant de se réaliser et développer son propre art. Toute autre organisation de l'enseignement poursuit d'autres buts qui n'ont rien à faire en Aïkido et ne produit que des facsimilés approximatifs de la discipline pratiquée et de sa production.
Le dojo Aïkido Paris Auteuil est dirigé par Cyrille Vagney qui l'a créé. Ce dernier est l'élève de Christian Teissèdre qui lui a enseigné les bases de son Aïkido. Christian Teissèdre est lui-même élève de Alain Peyrache, fondateur de l'école Europe Promotion Aïkido - International School of Traditional Aïkido. Alain Peyrache a été l'élève de Nobuyoshi Tamura pendant près de 30 ans qui lui-même a été l'élève du fondateur Morihei Ueshiba. Ce sont ces filiation et chaîne de transmission qui ont permis à Cyrille Vagney de faire le choix de suivre les enseignements de Christian Teissèdre et Alain Peyrache. Ce sont leurs compétences et cohérences à respecter l'enseignement du fondateur qui lui permettent de ne pas les renier.

Morihei Ueschiba (1883 - 1969) s’est dévoué, toute sa vie, à la recherche de « la voie » et à intégrer dans sa technique une dimension spirituelle. En cela, il représente un exemple unique dans l’histoire du budo japonais.
Deux maîtres joueront un rôle important dans sa jeunesse et dans l'entrainement strict qu'il s'impose alors. Le premier est Masakatsu Nakai, maître de l’école de sabre Goto-ha Yagyu Ryu, le second est Sokaku Takeda, maître de l’école Daito Ryu. Il recevra de chacun d'eux un certificat de maîtrise (menkyo). Par ailleurs, il étudie également la lance et d'autres jujutsu. Cet apprentissage diversifié mais très rigoureux constitue le socle de sa démarche et réflexion futures.
Il rompt ensuite avec ces écoles pour développer ce qu’il nommera, tout d’abord, Aïki Bujutsu. En 1925, suite à une expérience mystique essentielle, son satori, il a la vision de ce qui sera pour lui la voie à suivre et l'aménera à nommer son art Aïki Budo. En 1942, il se retire à Iwama pour y vivre en parfaite cohérence l’intime relation entre budo et agriculture. Afin de bien distinguer son art des autres jutsu et le rendre accessible au plus grand nombre, il finit par l'appeler Aïkido, tout simplement.
Morihei Ueshiba s’est donné les moyens de vivre pleinement sa recherche de la voie. Il consacrera alors tout son temps, jusqu’à la fin de sa vie, à élaborer et développer l’aïkido, art qui personnifie véritablement son inspiration.

Nobuyoshi Tamura entre pour la première fois au Hombu dojo en 1953. Il en part onze ans plus tard pour l'Europe, où il s'installe en France, en 1964. Il commence alors à y développer la pratique de l'aïkido. Il oeuvre avec un certain nombre de pratiquants français, dont Alain Peyrache, à donner à l’aïkido un fonctionnement autonome, distinct du judo. L'essor de l'Aïkido en France lui doit énormément, mais dans le monde également. Il forme durant toute sa vie un grand nombre d'élèves. Il dirige aussi de nombreux stages d'aïkido dans de nombreux pays.
Nobuyoshi Tamura se vit proposer le 9e dan par l'Aïkikaï. Il refusa cependant ce grade, que seul aurait pu lui remettre son maître alors décédé.
Souhaitant se concentrer sur une transmission plus profonde et intime de la pratique, comme c'est la tradition, en 1992 il fonde alors un Dojo, le Dojo Shumeikan, dans le village de Bras dans le Var . Il partagera alors sa vie entre l'enseignement de l'Aïkido dans son Dojo et des stages assurés dans le monde entier.
Nobuyoshi Tamura est mort en 2010, à l'âge de 77 ans.
Qui a croisé la route d’Alain Peyrache sait que c’est un homme droit, un maître d’exception. Qui a pratiqué avec lui sur un tatami mesure en un instant l’incroyable justesse de sa pratique, sa puissance, son apparente clarté.
Alain Peyrache est un pratiquant rare. Sa parole publique est rare elle aussi : d’une fidélité sans faille à la tradition extrème-orientale, sa démarche consiste à limiter son enseignement à ceux qui l’ont choisi comme professeur.
Pour être droit et cohérent, son parcours est complexe. L’homme se livre peu, mais il donne sans compter. Sa pratique repose sur des bases qui puisent loin leurs racines. Mais tous ceux qui le suivent savent combien elle évolue, s’adapte, reste en constante recherche et attentive aux mouvements du monde. Le lien qui suit vous permettra de mieux comprendre le parcours du maître et au-delà, celui de l’homme.


Professeur d'Aïkido Bezons (Val d'Oise), d'Arts Martiaux de la Margeride (Ruynes en Margeride - Cantal) et d'Aïkido Saint-Chély d'Apcher (Lozerre). Fondateur d'Omoté Sando (Paris 19). Initiateur d'Aïkido Vincennes (Val de Marne). Elève d'Alain Peyrache.
Cette description correspond bien à Christian Teissèdre. Elle est claire, précise, sans fioriture et détail nimbés d'ego. Elle va à l'essentiel. Tout comme lui.
Sa citation favorite: "Ce qui fait l'homme, c'est sa grande faculté d'adaptation." (Socrate)
Quand vous pratiquez avec lui et êtes son élève, vous apprenez les fondements de l'Aïkido au plus près de ceux-ci. Et ça marche!